Les organismes avaient déposé dans le cadre de cette initiative fédérale des projets qui répondaient parfaitement à ses exigences et priorité : être en mesure de livrer des logements permanents avant le 31 mars 2022 destinés aux personnes prioritairement itinérantes, aux femmes, aux personnes autochtones ou aux personnes racisées.
Dans sa sortie médiatique du mercredi 24 mars, la FROHME se désole du fait que 115 millions de dollars réservés aux projets communautaires déposés dans le cadre de l’ICRL du fédéral sont passés dans les mains de Québec et que celui-ci finance avec cette somme 54 projets AccèsLogis déjà promis et annoncés dans des budgets antérieurs « en faisant comme si c’était de nouveaux investissements ! » Un geste assimilé par les groupes concernés à « une claque au visage du milieu communautaire ».
Les trois groupes déplorent « le manque de transparence de la SCHL » qui omet de dire si des projets directement déposés par des organismes communautaires seront financés. Presque toutes les annonces survenues depuis se sont avérées être des refus. L’Alliance MH2, Les Habitations l’Équerre et la FROHME soulignent les efforts des organismes communautaires ou des OSBL-H qui ont déposé rapidement des projets bien ficelés… et qui ne pourront pas obtenir de financement.
Le gouvernement du Québec insiste pour dire que les fonds dévolus par Ottawa serviront à faire du développement du logement social et communautaire, mais au vu de l’historique des dix dernières années de la SHQ (et des fameuses « unités non livrées »), plusieurs se questionnent sur le caractère « rapide » de la construction de ces logements.
Le grand nombre de projets déposés par des organismes communautaires, au Québec et dans les autres provinces, justifierait amplement le renouvellement de l’ICRL et le lancement d’un nouvel appel de projets dans le prochain budget du gouvernement Trudeau. Le cas échéant, le RQOH souhaite que les sommes qui seront allouées au Québec servent exclusivement au financement de nouveaux projets, et non celui des logements déjà budgétés par le gouvernement du Québec.
Voir le communiqué complet plus bas. La conférence de presse a donné lieu à une belle couverture médiatique :
- https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1779667/projet-logements-sociaux-equerre-frohme-violence-femmes?fromApp=appInfoIos&partageApp=appInfoiOS&accesVia=partage
- https://www.fm1033.ca/des-organismes-denoncent-le-blocage-de-nouveaux-projets-en-logement-social/
- https://www.lapresse.ca/actualites/2021-03-24/faute-de-place-en-refuge-quelles-ressources-pour-les-femmes-violentees.php
Le communiqué de presse
Châteauguay-Sherbrooke-Montréal – le 24 mars 2021 | Le 27 octobre 2020, le gouvernement du Canada annonçait un programme d’Initiative pour la création rapide de logements doté d’un budget de 1 milliard et 500 millions pour les groupes communautaires. Les intéressés disposaient de 62 jours pour déposer des demandes.
L’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), Les Habitations l’Équerre de Sherbrooke et La Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME), ont saisi cette occasion d’un premier programme de développement de logement sociaux simple proposé en 35 ans et déposé des projets qui répondaient parfaitement aux exigences et priorités du programme soit : être en mesure de livrer des logements permanents avant le 31 mars 2022 destinés aux personnes prioritairement itinérantes, aux femmes, aux personnes autochtones ou aux personnes racisées.
Le 22 janvier, les gouvernements du Canada et du Québec annonçaient, en pleine crise de l’application du couvre-feu envers les personnes itinérantes, le transfert de 115 millions du volet communautaire du programme d’Initiative pour la création rapide de logements au gouvernement du Québec. Cette annonce évoquait de «nouveaux» investissements et le financement de 54 projets AccèsLogis qui avaient déjà été votés et réservés en ce sens à l’Assemblée nationale dans les budgets antérieurs.
À la mi-mars, les groupes communautaires ont vu leur projet refusé par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Ce transfert de fonds du gouvernement fédéral vers le gouvernement provincial pour rembourser des engagements et des dépenses budgétés par le gouvernement du Québec à la suite de luttes citoyennes importantes est une claque au visage du milieu communautaire. Le milieu a déposé des projets de bonne foi dans le programme fédéral et y a investi du temps et des sommes considérables, dénoncent les organismes. Cette décision aura aussi un impact direct pour les personnes vulnérables.
Le projet de la FROHME s’il avait été accepté, aurait permis de mettre sur le marché 26 logements le 1er juillet 2021 sur la rive sud de Montréal où plusieurs refuges d’urgence ont dû ouvrir cet hiver. L’organisme avait même conclu une entente avec les services sociaux de Kahnawake pour assurer le soutien communautaire des locataires issus de la communauté autochtone et 5 unités leur étaient réservées. Selon la FROHME, 20 personnes itinérantes sont sur la liste d’attente d’un organisme de Châteauguay, faute de logements disponibles dans le marché privé, et ce, malgré la disponibilité de 16 subventions pour payer une partie des loyers de ces personnes dans le marché privé.
Le projet des Habitations l’Équerre consistait à ajouter 12 chambres pour femmes à l’offre actuelle. Les maisons de chambres représentent souvent la dernière solution avant la rue et la première option pour en sortir. Ce projet se voulait une solution permanente à un enjeu récurrent auquel la communauté sherbrookoise fait face, en l’occurrence le manque de chambres abordables et sécuritaires destinées aux femmes. D’autre part, il n’existe aucune maison de chambres réservée aux femmes à Sherbrooke, alors que les femmes en situation de précarité financière font partie de l’une des couches les plus vulnérables de la population.
Une maison membre de L’Alliance MH2 avait déposé un projet qui devait offrir les premières unités en adaptation universelle en 2e étape sur l’île de Montréal. « Dans le climat actuel où les féminicides en contexte conjugal se multiplient, où 6 femmes ont perdu la vie en 1 mois et demi au Québec, faisant 13 orphelins, il est consternant de voir ce projet tomber à l’eau. Si notre membre ne trouve pas d’alternative de financement d’ici 3 mois, elle va perdre le terrain qui était réservé à cet effet. Et on sait qu’à Montréal, c’est une denrée très rare », souligne Gaelle Fedida, coordonnatrice aux dossiers politiques à l’Alliance MH2. Les maisons d’hébergement de 2e étape offrent des services aux femmes présentant les plus hauts risques d’être victimes d’un homicide conjugal, cependant les taux de refus pour les demandes admissibles à Montréal s’élèvent à 75%. Le projet en question devait offrir des services culturellement adaptés aux femmes à statut migratoire précaire, qui, malgré la forte vulnérabilisation qu’elles affrontent, tombent souvent dans des vides de services. C’est notamment le cas pour les unités financées par le provincial.
Un projet de 10 unités conçu pour les personnes âgées de Sainte-Julie et une initiative, projetée à Trois-Rivières et visant la création d’un service d’accueil pour nouveaux immigrants et la réalisation de 12 unités d’habitation, ont également essuyé un refus. Tous ces projets ont reçu un fort appui des organismes communautaires, municipalités et bureaux de députés des deux paliers de gouvernement.
Les groupes communautaires nommés aujourd’hui – un échantillon des groupes qui ont déposé des projets et qui ont essuyé un refus – ont appris il y a 10 jours que leurs projets étaient tous refusés. La SCHL refuse de dire combien de projets ont été acceptés au Québec, ce qui n’est absolument pas transparent de leur part. En date d’aujourd’hui, un seul projet issu du milieu communautaire ayant été accepté par la SCHL a été rendu public. Il se réalisera dans les communautés cries, ce qui réjouit les organismes communautaires.
Selon Martin Bécotte, directeur de la FROHME, c’est une perte de 115 millions en nouveaux investissements en logement social que vivent les Québécois, et surtout les Québécoises, en pleine crise du logement.
Les trois organismes demandent au gouvernement du Québec de soutenir leur projet via les 115 millions obtenus par la SCHL dans le cadre de son récent programme, afin de permettre de réaliser ces logements, en plus de ceux déjà annoncés par le gouvernement du Québec dans ses budgets passés.
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Source :
Vicky Croisetière, chargée de communication et sensibilisation, Alliance MH2
438-356-2100 | communication@alliancemh2.org
Demande d’entrevue :
Martin Bécotte, directeur, FROHME (FR)
514 531-9249 | martin.becotte@frohme.org
Denise Godbout, directrice, Habitations L’équerre inc. (FR)
819 346-0889 | habitations.lequerre@videotron.ca
Gaëlle Fedida, coordonnatrice aux dossiers politiques, Alliance MH2 (FR/EN)
514-706-99 | coordopolitique@alliancemh2.org